Forain des Mers

plus j'apprends, plus je me sens ignorant.... alors j'ai décidé d'aller encore plus vers les autres...

hivernage ici

kalamata Péloponèse

 
 

 heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

traverser la mer Egée

Traverser la mer Egée

 

 

 

L’étrave plonge dans la vague et l’ancre accrochée telle une figure de proue disparaît dans une de bulles étincelantes. Il est dix heures et nous sommes en pleine traversée de la mer Egée dans le nord du bassin.

 

 

 

 

 

Ce matin nous avons quitté le mouillage protecteur de Sigri sur la côte ouest de Lesbos en direction de Skyros à environ 70- 80 milles.

 

 

Il est 6 heures 45, le soleil dépasse l’horizon au-dessus de la forêt pétrifiée éclairant d’une lueur blafarde au large les moutons qui ne sont encore que des agneaux. Voilà 6 jours que nous attendons désespérément une fenêtre météo pour échapper à cet endroit idyllique. Le meltem a soufflé sans discontinuer  à force 7/8 et chaque jour nous allons voir sur les hauteurs du village la mer blanchir et s’écraser sur les roches près du port.

Jean François sur prydwen est devenu notre routeur météo. Il y a également Patrick sur Piocana, un catamaran Dame l’oie que nous aurons l’occasion de croiser à nouveau à Volos.

 Notre objectif de croisière dans les Sporades ne sera pas atteint ; impossible de remonter plus au nord vers Limnos, le meltem ne le permet pas. C’est pour cette raison que nous avons modifié notre parcours et décidé un retour sur l’ouest du bassin égéen et pour cela attendu que le vent perd de sa vigueur.

 Il nous a fallu 3 jours plutôt, capeler une deuxième ancre sur la première pour se prémunir d’un dérapage. Ce matin, plier l’annexe après la sortie matinale du mousse, remonter et ranger le mouillage prendra donc plus d‘une heure et lorsque sortis de la passe nous hissons les voiles, le PRYDWEN et le PIOCANA ne sont plus que des points blancs à l’horizon. Dieu qu’ils filent vite. Qu’ils soient devant est un avantage pour nous car par VHF ils nous renseigneront toute la journée sur leur position et les conditions de navigation. Ils sont à environ 10 milles et marchent à 7 / 8 nœuds nous ne verrons plus avant le port.

Meltem, le Seigneur des lieux est bien dans son palais. La prévision météo se révèle assez juste. Il soufflera toute la journée entre 20 et 25 nœuds, creusant dans la mer de manière des sillons de 1.50 m de creux en moyenne.

 Nous sommes au portant, et par chance le train de houle qui agite l’horizon nous vient ¾ arrière. Le loch ne décolle pas des 8/9 nœuds. Forain des mers file, file dans un confort relatif allant et venant à la gîte sur son flanc bâbord. L’irrégularité de la force du vent nous contraindra quand même à jouer avec les ris. Partis prudemment sous toilé, on relancera toute la surface de la grand voile et du génois pour reprendre ensuite jusqu’à deux ris, puis relancer, puis revenir à 3 ris puis à 2.

A bâbord et à tribord les mastodontes des mers pointent leur étrave, impressionnantes masses noires qui glissent silencieusement sur l’eau. Traverser le rail des cargos qui gagnent ou quittent la mer Noire reste une appréhension légitime. Il nous faut calculer les trajectoires de croisement, l’AIS se révèle d’une aide précieuse. Il ne faut pas céder à la tentation de modifier trop tôt sa route au risque de se déventer ou de mettre en panne ; tout est dans un fin dosage de vitesse et d’allure.

Les surfs succèdent aux surfs et piloter, sentir les effets des vagues et la puissance de la mer apporte une jouissance que le barreur ne peut partager. le GPS enregistrera un record à 10.7 nds !

Vers 12 heures, sous le chaud soleil de cette fin juin la mer prend des couleurs d’un bleu profond sur lesquelles le blanc immaculé des crêtes des vagues tranche à vif et soudain,  à l’arrière une voile se dessine, et se rapproche lentement. Rageant ! même si tout navigateur plaisancier se prévaut de ne pas entrer en compétition avec les autres, dès qu’une voile apparaît, devant ou derrière il lui est difficile de ne pas se comparer.

 

Battant pavillon anglais cet Alberg Rassy 42, un bateau nordique capable d’étaler le gros temps, qui était au mouillage de Sigri à nos côtés. Nous voyant lever l’ancre, il en a fait de même. Avec sa quille longue il réagit mieux à la houle et ne gîte pratiquement pas. Il a choisi la même destination. Tranquillement, il nous doublera et abordera la côte avec 15 minutes d’avance.

Parfois une lame vient heurter la coque par le travers. Le choc est rude et l’énergie se disperse en un geyser d’écumes irisées par le soleil, montant à l’assaut désespérément du pont.

La force du vent diminue à l’approche de Skyros. A la radio on entend converser JF et Patrick qui sont désormais dans la baie de Linaria, luttant contre un vent debout de 20 nœuds qui les a surpris dès l’entrée.

Pour nous le vent sous l’île a tourné et c’est également au près que nous progressons, faisant un cap vitesse avant tout pour reprendre l’Alberg Rassy qui désormais se traîne à la côte. Taillé pour cette allure, Forain des mers remonte vers le port sans trop perdre de vitesse.

 Nos deux compères n’ont  pas fini de prendre un nouveau mouillage au fond de la baie que Forain des mers se repose sur ses amarres dans le petit port, certainement le port le plus clean de toute la Grèce.

Ballottés, certes parfois chahutés, nous avons traversé en 10 heures, dans une nav sans soucis à la moyenne horaire de 7.5nds de mouillage à mouillage. Meltem il faut te prendre dans le sens des poils et surtout pas quand tu es énervé…….. 

à suivre....

 

retour de pêche

iles éoliennes

 

DOUCEUR DE VIVRE