hivernage ici
kalamata Péloponèse
heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay) |
Naviguer avec son animal préféré….
C’est un problème pour les uns, cela n’en n’est pas un pour les autres. Reste que naviguer avec son animal préféré, son compagnon de chaque instant, l’être qui de chaque instant fait un moment d’amour gratuit génère des contraintes qui influent sur notre comportement, nos choix de vie, de route etc.
Chien ou chat, dans le même sac !! Non pas tout à fait.
Le premier demande à descendre à terre le plus souvent possible et en cout cas le matin et le soir. Et hop, je saute dans l’annexe, je me tiens droit fier, compensant facilement la poussée du moteur grâce à mes quatre pattes.
Et encore hop je saute sur la plage, coure un peu, renifle car j’en ai besoin, je reprends fugitivement mes attitudes terriennes, me livre à des courses effrénées dans le sable ou alors en ville tire vaillamment sur la laisse au risque de bousculer ma maîtresse. Puis je retournerai dans cette boîte qui bouge sans cesse. J’arrive pas à me déplacer à l’avant, je ne sens plus mon équilibre, mon copain y arrive, il arrive même à faire ses besoins.
J’ai beau recevoir ma dose de câlins, je suis mal même si je ne le fais pas paraître et lorsque mon maître démarre le moteur, je sais que le calvaire va commencer. Cela va bouger, cela va être bruyant, je vais passer mon temps à trouver mon équilibre, je ne vais pas pouvoir dormir, je stresse, j’ai peur.
Les humains qui m’accompagnent ne sont pas à la fête je les sens tendus, ils m’auraient bien laissé quelque part dans la famille, mais ils ont peur que je déprime, que je les oublie, que je m’attache à un étranger. Alors ils me font subir ce calvaire.
Moi le chat je ne vis pas les choses de même manière. Ma fierté, mon indépendance feinte me permettent de vivre le voyage de mes maîtres plus aisément que Médor. Du moment que j’ai ma caisse à besoins, tout va.
Mon agilité à grimper partout, à faire l’acrobate, me permet de résister au roulis et au tangage. N’empêche que je n’aime pas le bruit du moteur et que les navigations me stressent aussi. Alors je sais me cacher dans un équipet, ou dans la grand- voile si elle n’est pas dépliée.
Dans les cas extrêmes je bave, je vomis….Mais moi aussi lorsque le grand cirque s’arrête de bouger, lorsque cette maison devient immobile je n’ai qu’une envie aller faire un tour. Tout m’intéresse dehors : ces oiseaux qui piaillent à mes oreilles, cette grande mare qui grouillent de poissons que j’attraperais bien d’un coup de patte. Mais dehors sur la terre je n’ai plus de repères. Où est mon territoire, mon kilomètre carré où je fais vivre ma loi?
Ici dès que je veux rencontrer les matous du coin je ne trouve que des pauvres hères, certainement pouilleuses que ma maîtresse m’interdit d’approcher. Alors dès que je peux je tente de m’échapper, connaître ces autochtones ….. Bref le bateau de mes maîtres c’est un peu ma prison dorée.
Nous avons vécu avec le mousse notre gentille Cassy trop peu de temps, emportée par la maladie, mais il est vrai que son amour pour nous lui a permis d’endurer tous les malaises et les contraintes de la navigation. A chaque fois elle nous témoignait de son plaisir d’être avec nous, dans l’inconfort.
Une huitaine de nos amis embarquent avec leur compagnon, beaucoup savent que ce dernier resterait bien à la maison car le voilier n’est pas leur milieu naturel. Mais la vie est ainsi faite, pleine de dilemmes qui nous obligent à trancher. Embarquer avec Médor ou Minet en est un. A chacun de résoudre ce drame cornélien…..