Forain des Mers

plus j'apprends, plus je me sens ignorant.... alors j'ai décidé d'aller encore plus vers les autres...

hivernage ici

kalamata Péloponèse

 
 

 heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

continental

le secrétaire général

Alors il n’est pas rare de voir les continentaux, muter dans leurs administrations pour venir exercer leurs talents et compétences ici au soleil. Certes on les respecte car on reconnait leur qualité, mais on ne leur rend pas la tâche facile, bêtement pour des questions d’identité, comme s’ils allaient réduire à néant, de leurs petites mains, tous les efforts de ceux qui se battent pour faire valoir leur différence. Quand ceux-ci comprendront-ils que ce n’est dans l’intention de personne ?

Ici notre secrétaire général fait de son mieux pour comprendre, et apporter ses connaissances des méandres de l’administration. Chaque jour il appréhende de nouveaux dossiers, de nouvelles situations. Au début on ne lui donnait les informations que par petits bouts, par bribes mais il a vite appris à investiguer le moindre dossier tel l’inspecteur Maigret. Le jeu est usant, ridicule, une perte de temps.

Ce qui l’irrite surtout c’est la petite phrase assassine que ne manque pas de lui lancer tôt ou tard un de ses collaborateurs lorsqu’une affaire arrive à son terme : « mais on le savait, on aurait pu vous le dire si l’on avait su » Et là notre secrétaire à le sentiment que l’on s’est amusé idiotement de lui. Dommage, les gens de son entourage ont un gentil fond ,mais ils gâchent tout par ce comportement imbécile. Peut-être est-il naturel car même en dehors du travail il est de mise d’agir ainsi ?

Je reprendrai pour exemple la situation suivante : Il est vendredi soir, et ce brave fonctionnaire qui souhaite découvrir un peu plus les trésors de la nature demande si à tel endroit on peut faire du ski. « Bien sur ce n’est pas bien loin, à 60 km environ, la neige est bonne mais il y a beaucoup de virages pour y aller, à lundi » lui répond-on,. Et le voici parti le dimanche matin, à l’aube, vers les pentes enneigés du pic en question.

Il arrive à la station ; quelques maisons au pied desquelles partent deux ou trois remonte-pentes. Super, mais il y a un problème, un gros problème ! Personne dans cette station désaffectée! Alors dépité de ne pouvoir skier, dépité d’avoir été berné, il se contentera du paysage magnifique, vrai, honnête. Pour se « venger » ne s’arrêtera pas comme il avait pensé pour déjeuner dans un restaurant, et rentrera chez lui plutôt que prévu.

Le lendemain, il s’en expliquera avec son informateur et désabusé, il écoutera l’excuse suivante : « mais si vous l’aviez demandé, je vous aurai dit que la station est fermée depuis dix ans, mais c’est quand même là-bas que l’on faisait du ski ! »

Cette mésaventure lui a rendu bien des services dans son temps professionnel et souvent il a préféré agir seul, collecter directement les informations qui lui manquaient. Paradoxalement il gagnait du temps et proposait des solutions souvent dérangeantes parce que réalistes. Mais il a su, contrairement à certains de ses collègues ne pas s’accrocher à ses convictions de droiture d’égalité et de justice. Il a su laisser vivre les gens dans leur comportement factice, les laisser vivre leurs problèmes et les régler à leur manière sans manquer de prévenir de l’irrégularité des actes pris .

A ce jeu il y a quelques petits plaisirs à ressentir. Ainsi persuader son interlocuteur de croire qu’il détient la solution, alors qu’on l’a amené là, en lui proposant l’inverse !! hi hi ! Mais la vie professionnelle devient sans intérêt lorsqu’on se sent devenir inutile. On a beau aimer le soleil, la mer, avoir la facilité dans profiter sans limites, il faut savoir être honnête avec soi-même et se dire que l’expérience insulaire ne restera qu’une expérience de vie bien plus enrichissante dans la connaissance de son prochain qu’il n’y parait.

Et notre cadre supérieur, après plusieurs années d’inutilité rejoindra un poste sur le continent, là où il se sentira plus utile à la société que dans cette micro République qui ne se donne pas les véritables moyens de grandir.

suite: un furieux en mairie

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DOUCEUR DE VIVRE