hivernage ici
kalamata Péloponèse
heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay) |
Drame en bord de mer
Une solution ? Il y en a bien une, mais si peu pratique : aller les faire paître dans la lande, au bord de la mer. Le terrain est peu facile, il y a des cailloux, des rochers des ronces, mais quand même assez de végétation pour nourrir les animaux. Ses vaches ne donnent pas de lait donc pas besoin de les rappeler chaque soir.
Autre avantage elles ne risquent plus leur vie par un heurt avec une voiture et un camion, et plus besoin en urgence leur couper l’oreille, celle qui porte la bague, pour ne pas qu’on mette la main sur le propriétaire, pour éviter les ennuis avec les gendarmes pour éviter son enlèvement couteux et ennuyeux. Ici cette pratique est courante et entre presque dans les us.
La décision est prise, le troupeau ira dans la combe près de la mer quand lui Antoine en aura envie. Et dès le lendemain il lâche une partie de ses bêtes dans la combe du Pinsout. Là-bas, personne n’y va, et les propriétés sont rares, si loin de la ville. Oh il conduira seulement les plus intrépides les plus hardies. Et elles s’en iront tranquillement dans le maquis, empruntant les petits chemins sans débouchés parmi les herbes sauvages et les arbousiers.
Les sabots des ovidés butent sur la rocaille à chaque instant, décrochant ci et là une pierre qui roule jusqu’à la mer. Car la mer est là, toute bleue sous le soleil qui monte dans le ciel. Ses rayons brulent toute la journée la campagne et les rivages.
Antoine revient à la maison s’occuper d’autres affaires quotidiennes Il est tranquille, il sait son troupeau plus en sécurité que sur la route et qu’il ne craindra plus les querelles de voisinage ennuyeuses qui se multipliaient ces derniers temps. Seulement les bestiaux devront chercher un peu plus de nourriture car les pentes sont quand même raides et arides et les vaches ne sont pas des moutons.
Chaque jour lorsqu’il descend à la ville, il s’arrête au bord de la route et à la jumelle, compte son troupeau qui s’est éparpillé sur plusieurs centaines de mètres. Certaines sont près de la mer, allant jusqu’à mettre les pattes dans l’eau, sautant d’un rocher à un autre. la queue fouettant Les flancs pour en battre les mouches et les taons qui les harcèlent. D’autres ont trouvé pitance un peu plus haut près de la route.
En ce matin l’air est chargé de senteurs du maquis, et Antoine n’a qu’a se soucier de les abreuver, car ici pas de points d’eau. Alors il puisera quelques centaines de litres dans la réserve DFCI installée non loin de là en prévention des incendies de l’été.
Voilà trois mois que les vaches sont dans la combe. Bientôt la saison de vacances va se terminer et mon agriculteur pense déjà à rentrer ses bêtes près de la ferme. D’un œil aguerri il scrute la combe. Il lui semble qu’il manque un animal à l’appel. Effectivement la Palombo n’est pas avec ses congénères.
Armé de son bâton pour prendre appui dans les roches, il marche dans le maquis, descendant même au bord de l’eau. Quelques centaines de mètres plus loin il franchit la clôture à demie dégradée d’une propriété, celle d’un insulaire qui vit habituellement à l’autre bout de l’île et qui ne vient que rarement dans son domaine. Serait-elle passée par là ? Eh oui, il l’aperçoit à quelques dizaines de mètres, couchée au bord de la mer.
Dans un premier temps il croit qu’elle est en rumination et l’appelle, à plusieurs reprises. La bête ne semble pas entendre et ne bouge pas une corne. Parvenu à ses côtés il découvre le drame ; l’animal a glissé sur les rochers et d’une belle hauteur, s’est fracassé la tête sur une pierre acérée, celle-ci gisant dans l’eau comme si elle buvait l’eau de la mer. Elle est bien morte. Que faire se demande Antoine dont l’esprit s’échauffe tout seul et en veut à la terre entière d’avoir perdu une bête de la faute à tous ceux qui lui en veulent et lui cherche querelle !
Antoine agit vite. Il rassemble son troupeau et dans la matinée le ramène à la ferme sous le regard étonné de sa femme.