hivernage ici
kalamata Péloponèse
heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay) |
Le maire, cet ange rédempteur
Aujourd’hui le maire reçoit sans rendez-vous dans son bureau cossu. C’est le temps des pleureuses et des flagorneries auprès du premier magistrat. Instants délicieux que de voir tout ce petit monde assis, qui sur la banquette dans l’entrée, qui sur le petit banc du perron, au doux soleil du matin, témoignant d’une patience d’Ange. A qui racontera sa querelle de voisinage, donnera des nouvelles du petit, se plaindra de la mairie, en promettra au maire s’il ne le suit pas dans sa requête.
Et la matinée passe doucement, chacun concourant à cette vie paisible et vivante que tous les citadins des grandes capitales envient.
Vient le tour d’ Antoine,
« Comment vas-tu Antoine ? Cela fait longtemps que je n’ai pas eu de tes nouvelles. Aux dernières élections, j’ai aperçu ta cousine Restitude, celle avec qui j’avais eu quelques paroles délicates au sujet de son terrain, là-bas près du camping et qui est en friche depuis si longtemps. Je lui avais proposé de le racheter ce bout de terrain pour lui éviter des tracas, le débroussaillage qui coute cher, la pauvre à son âge se mettre dans des frais. Bref elle n’était pas d’accord et puis elle m’a dit que tu lui as bien parlé et maintenant elle est prête, elle m’as même dit que grâce à toi elle avait voté pour moi, cette brave Restitude, si gentille avec les gamins comme nous, parce que pour elle nous sommes encore des gamins ! Mais au fait qu’as-tu à me demander, dis, ce sera presque accordé »
Et mon brave Antoine va s’épancher sur l’épaule de son copain de la primaire, lui rappeler les farces faites à l’institutrice, les parties de chat perché, les courses de galopin le jeudi dans la montagne, avant d’arriver au but de sa visite, le canal d’irrigation qui n’irrigue plus ! Et de se plaindre de Félicien, l’ouvrier communal chargé de l’entretien et qu’on voit plus souvent jouer de l’accordéon le soir aux terrasses des restaurants que le piochon à la main entretenir les rigoles.
« Faut pas dire ça, Antoine, c’est un bon gars, le salaire des fonctionnaires il faut bien l’arrondir un peu avec des petits boulots, ça ne fait du mal à personne ; et puis il a 14 km de canal c’est énorme, il ne peut pas être partout ! Bon je lui parlerai et tout rentrera dans l’ordre. Par contre je voudrais te parler de tes vaches Antoine, celles qui s’égarent dans les propriétés ; j’ai des plaintes ! »
- Ah je te coupe répond le paysan, il ne faut pas les écouter les plaintes de ces propriétaires du continent, ceux qui ont acheté ce bout de terrain pour y construire la maison de leur vacances, d’ailleurs pourquoi les a-t-on laissé faire ? ils sont soit disant gênés par les vaches qui passent sur le chemin. Bon d’accord, parfois elles passent la clôture pour aller brouter les herbes folles.
- Mais aussi les géraniums et les lavandes, réplique le premier magistrat>
Tous deux conviennent de trouver une solution, montent un plan, l’un va calmer les propriétaires, l’autre promet de tenir ses bestiaux. En réalité, le soleil aidant ce bon plan ne restera que bonnes paroles
Et Antoine s’en retourne, après l’embrassade familière, Antoine s’en retourne à son 4x4 non sans avoir rapporté à ses amis, autour d’un pastis à la terrasse du café la teneur de son entretien. Tous vilipenderont tant que faire ce peut ces colonialistes qui ont osé se plaindre d’une vache brouteuse.
Revenu au 4x4 ,il découvrira sur le pare-brise le petit bout de papier qui le conduira à retrouver notre brigadier de police municipale pour lui dire ses quatre vérités et palabrer comme en Afrique noire pour une fois encore l’amnistie.
Tout rouge de colère, dans les virages qui le ramènent à sa ferme, mon Antoine réfléchit, rumine pour ses vaches. Il faudra bien trouver une solution car les querelles il s’en passerait bien sur le fond.