Forain des Mers

plus j'apprends, plus je me sens ignorant.... alors j'ai décidé d'aller encore plus vers les autres...

hivernage ici

kalamata Péloponèse

 
 

 heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

l'administration

Ah l’administration !

Je l’ai retrouvé assis sur la marche du 4x4, du côté ombre. Son troupeau est disséminé là devant, ou derrière, ou là-bas, sur les terres du cousin. Que la tâche est trop dure!

Comment faire pour compter juste ? Il y a bien l’histoire des pattes, oui c’est çà compter les pattes et diviser par quatre. Oui mais diviser c’est pour cette micro société un acte terrible. Diviser c’est …. partager, mais avec qui, il faut que ça reste en famille !

Mais c'est quand même la PAC qui nourrit son paysan, et l’argent s’il ne vient pas ici ira aux étrangers, pas juste ! Même si un jour ils viennent sur nos plages le dépenser. Comme dit un proverbe de Confucius « La pièce qui est dans ta poche n’est pas dans celle de ton voisin hi ! hi ! hi ! hi ! »

La vie est vraiment dure pour notre brave homme. L'administration lui demande des comptes sur son troupeau. Elle ne veut pas croire que ce troupeau, celui qui le fait vivre ait autant de mal à se nourrir, à tel point qu'il faille le soutenir avec des subventions. Elle ne comprend pas que sa viande est une viande sans graisse achetée par la filière au même prix que la viande bien persillée des prairies de Normandie moins chère à produire.

Pas juste que tant d’efforts pour rassembler le troupeau, en 4x4, ne soient pas récompensés à leur juste valeur. Alors au moment du compte, il se sent obligé de compter les pattes, uniquement les pattes, pas les cornes ni même les têtes, mais les pattes, et en oublie de diviser ! Ce n’est pas bien méchant, il y en a tant d’autres qui trichent.

De toute façon le fonctionnaire à Bruxelles qui vérifiera son relevé ne pensera qu’au cornet de frites qu’il achètera à la sortie de son bureau à l’heure de midi . Et puis, qu’il vienne les compter, les vaches ou leurs cornes ou leurs pattes, mais pas question que ce soit en 4x4, il ira tout seul dans le maquis se griffer aux chardons et aux arbousiers ! Ici on fait confiance. Lorsqu' un fermier achète 100 marques d’oreille, c’est parce qu’il a cent bêtes .

Si le vétérinaire n’en a vu que 70, c’est parce que les manquantes sont affairées dans la montagne et il attestera qu'il y en a bien 100. Il n'a pas le temps car après avoir déjeuné à la ferme de jambon fumé, de cèpes, de fromage millésimé par les années de cave et de moisissures, de vin du pichet, de la tarte au caillé de brebis, bu l’alcool de myrte sauvage fait maison, il lui faudra repu, aller rendre visite à un autre compatriote éleveur dont une bête est sur le point de vêler. Quelle vie ! Sur les routes il croisera ou doublera certainement plusieurs bêtes à cornes qui préfèrent l’herbe des fossés aux chardons du maquis.

C’est une pratique séculaire que de laisser le bétail paître sur les bas côtés car cela entretenait les fossés et le risque d’accident n’existait pas; il y a des dizaines et des dizaines d’années, les carrioles, et les voitures allaient lentement sur ces routes toutes en virages courts et étroits.

De nos jours, les quelques clôtures qui subsistent tentent de retenir les bêtes, mais l’herbe des fossés et toujours aussi goûteuse. Rien a changé pour le bétail hormis ces bolides qui foncent sur le bitume et qui ont amené le danger. L’hiver la jeunesse et les piliers de comptoirs occupent les routes et chemins, l’été des milliers de touristes, qui en voiture, qui à moto, qui en camping-car.

Ah quelles étaient heureuses les bêtes du début du siècle dernier !

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