hivernage ici
kalamata Péloponèse
heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay) |
Méphisto, il n’a pas pris sa place, il l’a garde…
Le mousse s’en est en allé il y a maintenant presque deux ans et demi et dans nos mémoires elle tient toujours sa place.
Nous ne sommes pas dans l’habitude de remplacer illico presto un animal qui s’en va au paradis. Il faut laisser faire les choses……
Et puis Méphisto est arrivé un jour d’octobre 2015 sur le quai de la marina de Kalamata où Forain des mers passe l’hiver. Chat chétif aux flancs creusés par la faim quotidienne.
Un chat comme il en existe des milliers en Grèce, luttant chaque jour pour trouver une pitance qui assure la survie pendant quelques jours, obsédés par le besoin de reproduction, pour perpétrer l’espèce, l’instinct perpétuel.
Agé d’à peine un an, il a survécu à l’enfance, peut-être plus résistant que ses frères et sœurs faisant des enrochements de la digue son territoire, son univers, son refuge…. D’un cri à la fois aigu et rauque il a déclamé sa faim, sa fringale et s’est jeté sans retenue sur les croquettes que Christine a déposées sur le quai.
Puis il est revenu, chaque soir, et un jour, s’est invité à bord, sautant sur la passerelle, passant la tête par la porte du carré de l’air de dire : c’est pas encore prêt, j’ai faim moi. Il n’en fallait pas plus pour craquer !!!
Il nous avait choisis ! Alors tout a été fait pour qu’il trouve sur le boat un hébergement cinq étoiles, des menus variant la pâté, le steak haché frais et les gavros justes pêchés de la veille.
Il a fait connaissance avec le médecin des chats pour soigner un début de coryza, puis les vaccins, et enfin la castration.
Le « découillu » était adopté. Pas besoin de déposer un dossier à l’immigration, un simple passeport grec a suffi.
Mais le chat noir conserve son tempérament de chat haret, sa fierté et son besoin d’indépendance. Chaque nuit il quitte le navire, le ventre repu et retourne à ses rochers, faire le beau auprès de ses congénères, vantant tellement les bienfaits de la société d’opulence qu’il n’hésite pas à ramener quelques amis, pour voir.
Pour voir seulement car il ne veut pas partager son territoire. Un jour, le jour du retour de ses nouveaux maîtres en France, il a fui le sac de voyage qui lui était présenté, malgré qu’il eût pris l’habitude les jours précédents de jouer dedans.
Sautant sur le parapet du quai, il resta sourd aux appels de sa ‘ maman ‘ adoptive, et le taxi arriva !!! Et alors, et alors, presque décidé à céder à la tentation des croquettes qu’on lui proposait, il allait revenir lorsqu’un pêcheur, harnaché de son matériel surgit de la digue derrière lui, et hop il replongea dans le labyrinthe des rochers…
Son retour à la vie sauvage, libre, sans autres attaches que le soleil, le vent, la nature dura deux mois pendant lesquels il du quémander sa nourriture aux tables des tavernas, retourner les poubelles, boire l’eau croupie des pots de fleurs…
Et puis il reconnut le bateau, vu qu’il était ouvert, y senti l’odeur de la boîte de pâté pour chat, nous fit la gueule nous rendant presque responsable d’abandon.
Mais depuis, il a retrouvé ses marques, son bac litière, ses mimiques et chat et son comportement félin.
Cette fois-ci, Méphisto, le chat noir comme de l’ébène tu ne t’échapperas plus et tu connaîtras cet hiver les neiges des monts du Beaujolais
Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a pas remplacé la Pépette, c’est tout simplement autre chose, d’autres sentiments.