heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

Les 1000 marches

Nous voici à Nauplie la capitale de l’Argolide. Comme partout la ville est chargée d’histoire, d’une longue histoire celle qui raconte la construction de la Grèce moderne, presqu’indépendante.

Nous étions venu il y a maintenant 5 ans dans le fond de ce golfe dominée par la forteresse de Palmidi. Sur le fond rien n’a changé.

Le marché étale ses commerces le long de l’ancienne voie de chemin de fer et l’on circule dans une marée de fruits et légumes de toutes les couleurs, dans une marée de poissons également.

Ah pauvre France que n’as-tu sombré dans le monde de l’argent facile, pécules amassés sur le dos du consommateur ? J’écris cela car je trouve de plus en plus intolérable de voir que sur tous les marchés de Grèce, et en particulier ici des produits de bouche en grande quantité, ‘biologiques’ à des prix normaux.

Pensez donc en ce moment rares sont les végétaux qui dépassent 1 euro au kilo !! Les cerises oui 2.50€ Alors où va l’argent en France dans ce pays qui se veut le champion de la rationalité, de la surprotection…..? J’arrête, je vais m’énerver encore.

J’en reviens à Nauplie. La vieille ville aligne toujours ses ruelles encombrées par les tables des tavernas, les vitrines des magasins de souvenirs rivalisent de décorations magnifiques et d’œuvre d’art.

Il y a un peu plus de touristes, les cars sont plus nombreux et les terrasses des cafés de la place centrale, là où se tenait le premier parement de la Grèce libre en 1831 sont toutes bondées de badauds qui recherchent la fraicheur des platanes. Le port et le parking routier sont désormais bien séparés par une belle grille qui offre cet avantage d’un peu moins de gaz d’échappement des voitures et de bruit dans les cockpits.

On se lance de très bon matin à l’assaut de la forteresse de Palmidi qui trône sur son éperon rocheux à 216 m d’altitude. Nous attaquons les défenseurs du site, les deux caissières enfermées avec la clim dans leur guérite de la face nord, la plus raide, pensez donc 1000 marches à gravir par volées de 100, avec des paliers pour nous permettre de récupérer et de faire des photos du paysage, de la flotte qui nous attend en bas, avec des assaillants prêts enfin presque à nous soutenir si jamais nous connaissions une défaillance.

La mer vue d’en haut, offre au visiteur, une palette chromatique inimaginable aurait dit le peintre… Enfin nous voici devant la poterne, là où se tient ce vaillant soldat de l’administration. Les temps ont bien changé ou peut-être pas car quelques euros suffisent à soudoyer ce défenseur seulement armé de son téléphone.

Pénétrons ainsi dans le cœur de l’ouvrage, la place la plus haute et une cour fermée où jadis on suppliciait les condamnés. Creusés à même la roche, fermée par une étroite porte, à la lueur de la lampe torche, "apprécions" les cachots où tant de malheureux ont peu de temps séjournés, s'en allant vers le monde sans vie, après d’atroces souffrances.

Nous allons ensuite découvrir les 7 bastions, ou fortins qui défendent la place, tous reliés par des murs d’enceinte doubles. D’autres envahisseurs sont déjà-là ! Certains ont attaqué la place forte par la campagne, venus en grand nombre dans leurs autobus, ils n’ont pas eu à souffrir de la chaleur qui monte avec le soleil dans le ciel. Pas juste, ils conquièrent sans effort !!!

1000 marches, cela laisse des traces dans les mollets, et pour plusieurs jours. Réconfort immédiat : la halte chez les marchands de glace qui savent apaiser les souffrances de nos corps éprouvés.

Si vous mettez l’étrave dans le port de Nauplie, n’hésitez pas à prendre de la hauteur allez dominer le monde avant de revenir flâner dans les nombreuses ruelles achalandées et ombragées grace à des bougainvilliers géants, de s'asseoir sur un bans au pied de la statue de Théodore Kolokotronis héros de l'indépendance grecque  dans le jardin public.