Accostage sur chaîne
En Grèce, dans 99% des cas les voiliers et les autres accostent cul à quai, l’avant étant tenu par le mouillage de l’ancre.
Je ne parlerai pas des précautions à prendre pour jeter l'ancre
mais de la difficile communication entre le skipper qui manœuvre à la barre et l’équipier, généralement madame, responsable du guindeau.
Le point de tension entre ces deux personnages qui partagent chaque instant de la vie monte souvent à son paroxysme à cet instant car tout interfère malignement pour que les paroles de l’un n’atteignent jamais les oreilles de l’autre. Le bruit du moteur, le vent et autres parasites en sont les responsables. Alors un truc infaillible c’est la cloche !
Une simple cloche, telles celle des vaches savoyardes des boucs ou d’une chapelle mais c’est déjà moins pratique et le tour est joué.
Méthode : la manœuvre s’engage, le skipper se présente en marche arrière. A l’instant choisi, à l’endroit choisi il bat fortement la cloche suspendue près de lui, là où il l’a décidé lorsqu’il a réarmé le bateau.
Surpris par le son strident du battoir sur le bronze qui parvient désagréablement à ses oreilles l’équipier préposé au mouillage entame la descente de l’ancre qui se pose hasardeusement sur le fond.
La poupe du navire s’approche du quai, les badaux sont prêts à saisir les amarres que personne sur le navire ne peut lancer car tous occupés. A l’instant choisi, à la distance choisi, nouveau branle de la cloche, vigoureux et rageur du capitaine.
A cette injonction l’épouse transie d’effroi et d’angoisse stoppe la descente, et se précipite à l’arrière. Elle arrive juste à temps pour saisir une amarre la lancer à peine lovée au passant qui a patienté assez longtemps et qui veut rester jusqu’à la fin.
Pendant ce temps le skipper fier de sa manoeuvre maintient à coup de marche arrière/marche avant l’esquif à peu près immobile. Dans 80% des cas le quidam sur le quai tire sur l’amarre comme s’il voulait monter le bateau sur le quai le mettant ainsi de travers, fait un nœud de grand-mère à l’anneau du quai et repart fier d’avoir aidé à l’accostage.
Conclusion avoir au moins une cloche à bord
Trêve de plaisanterie : ça marche bon.
PS : tout sera définitivement terminé, lorsque l’ouzo sera servie, madame appelant monsieur parti sur le quai narrer ses navigations… par un coup de cloche rageur!!
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