hivernage ici
kalamata Péloponèse
heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay) |
Psara est une île située à 44 milles nautiques au nord de Chios dont elle constitue (avec l'île d'Antipsara) l'une des municipalités du nome. Sa superficie est d'une quarantaine de kilomètres carrés pour une population de 422 habitants .
Voir Psara en images (album photos)
À l'époque moderne, elle fut une des grandes puissances commerciales de Grèce, avec Hydra et Spetses.
Lors de la Guerre d'indépendance grecque, l'île fut attaquée par les Ottomans qui envoyèrent contre elle 140 navires et 14 000 janissaires. L'île fut totalement dévastée. Quelques survivants s'enfuirent avec Constantin Kanaris. Ils fondèrent Néa Psara (aujourd'hui Érétrie) sur l'île d'Eubée. .
Voici l’histoire du massacre de Psara
Psara était une île peu fertile. Sa principale production agricole était un vin de qualité moyenne. Ses habitants, entre 5 000 et 6 000 au début de la guerre d'indépendance, étaient principalement des pêcheurs et des marins. L'aridité de l'île l'avait poussée vers la mer et le commerce. Le commerce du blé lors des guerres napoléoniennes lui avait aussi profité : Toutes les îles de l'Égée dépendaient du Capitan Pacha, mais Psara, ainsi qu'Hydra et Spetses, avait acheté leur liberté. Un impôt léger, prélevé par les Grecs eux-mêmes, était payé au Capitan Pacha et des marins étaient mis à la disposition de la flotte ottomane. L'île était gouvernée par trois « démogérontes » élus tous les ans par quarante électeurs désignés eux aussi tous les ans par l'ensemble de la population.
La situation géographique de Psara faisait qu'elle pouvait assez facilement surveiller l'entrée des Dardanelles et prévenir d'une sortie de la flotte ottoman.
Ibrahim Pacha qui avait écrasé le soulèvement en Crète voyait ses navires harcelés par les flottes de Kassos et surtout de Psara. Pour faciliter un prochain débarquement dans le Péloponnèse, il décida de réduire ces deux îles. La flotte ottomane s'attaqua à Psara. L’ île était une cible relativement faciles car proche des côtes d'Asie mineure, et éloignée des renforts potentiels des flottes d'Hydra et Spetses qui arrivèrent trop tard.
Le 3 juillet 1824 les 176 vaisseaux commandés par Husrev Pacha transportant les soldats ottomans attaquèrent Psara. L'île abritait alors plus de 25 000 personnes, réfugiées d'Aivali et de Chios. Les quelques vaisseaux qui la protégeaient ne firent pas le poids. La flotte se scinda en deux colonnes. La première effectua une attaque de diversion sur la partie la plus fortifiée de la baie où se trouve la capitale de l'île. La seconde se porta vers la partie de la côte défendue par Kotas et Karabelias, au nord de l'île, près de la baie de Kanalos, et réussit, sous le couvert de l'épaisse fumée créée par une décharge de ses canons, à faire débarquer plus de 10 000 Albanais musulmans, qui constituaient alors les troupes d’élite de l'armée ottomane, dans la petite baie voisine d'Erino prirent la batterie de quatre ou cinq canons qui protégeait la côte. Les défenseurs (523 Psariotes, 800 Rouméliotes et 125 Samiotes) finirent par succomber, après avoir neutralisé 4 000 Albanais. La route de la capitale Psara, de l'autre côté de l'île, était ouverte. Les rares défenseurs psariotes ou macédoniens furent bousculés et n'empêchèrent jamais la progression des janissaires
La colonne ottomane s'avança alors vers le sud. Elle se scinda en deux. Une partie (3 000 soldats) se dirigea vers le sud-est, vers la petite ville de Ftelio dont les canons tournés vers la mer menaçaient la flotte ottomane. Après une résistance acharnée, les Grecs finirent par succomber et périrent au combat.. La flotte de Husrev Pacha, fit le tour de l'île par l'est et attaqua le port prenant ses défenseurs à revers. Une partie des femmes et des enfants avaient été évacués sur les navires dans la rade. Ces navires furent victimes du bombardement naval des frégates ottomanes. Les femmes et enfants qui pensaient y avoir trouvé un refuge périrent.
Les soldats ottomans qui constituaient la seconde partie de la colonne venue du nord, atteignirent Psara (Chora), la capitale de l'île, vers le milieu de la journée. Ils la prirent puis la rasèrent, après avoir dû s'emparer des maisons une par une. Quatre mille des 7 000 habitants de la ville furent massacrés. Leurs oreilles et leurs nez coupés furent salés et envoyés à Constantinople. Les autres furent réduits en esclavage. Les divers récits évoquent les femmes qui se seraient jetées dans la mer avec leurs enfants, préférant choisir leur mort. D'autres se seraient jetées dans la mêlée pour y périr (et éviter le viol), après avoir assisté à la mort de leur époux. Les Turcs subirent quant à eux de lourdes pertes.
Le lendemain, le siège de la forteresse de Palaiokastro, tenue par les Grecs, prit fin. Ses 500 à 600 défenseurs (mercenaires arvanites ou macédoniens et Psariotes dont des femmes et des enfants) subirent divers assauts au cours de la journée et virent leur nombre diminuer à chaque fois. Réduits des deux-tiers, ils décidèrent d'emporter leurs assaillants avec eux dans la mort. Au moment de l'assaut final, les défenseurs attendirent que le plus d'ennemis possible aient pénétré dans l'enceinte. Le drapeau psariote portant la devise Ελευθερία ή θάνατος (« La liberté ou la mort ») fut hissé et le chef des défenseurs, Antonios Vratsanos, mit lui-même le feu au magasin de poudres, tuant assiégés et assiégeants.
Les rares Psariotes (et réfugiés) qui réussirent à survivre au massacre auraient profité de la confusion créée par l'explosion de Palaiokastro pour s'enfuir à bord d'une centaine de petites embarcations démâtées et sans gouvernail. Dix-neuf bricks, mouillés entre Psara et le petit îlot d'Antipsara, à l'ouest, auraient réussi à échapper à la flotte ottomane, transportant les principaux notables et les plus riches familles de l'île.. Les navires rescapés prirent comme nouvelle base l'île d'Égine, d'où ils participèrent aux combats ultérieurs. Après la fin de la guerre, les réfugiés émigrèrent vers l'Eubée, où ils fondèrent la ville de Néa Psara.
L'île aurait abrité 25 000 personnes avant l'attaque. Le bilan le plus courant est autour de 17 000 victimes : morts et vendus comme esclaves. Il y aurait eu 3 600 survivants. Le Capitan-Pacha prit ou brûla une centaine de navires psariotes. L'île fut surtout totalement désertée. Les observateurs dans les quelques années suivantes évoquaient une île intégralement vide. La flotte ottomane gagna ensuite sa base de Mytilène pour fêter sa victoire, laissant une garnison sur l'île et une escadre.
Le massacre de Psara eut pour première conséquence la fin très provisoire des querelles intestines, voire des guerres civiles, entre insurgés grecs. Craignant de subir le même sort, les autres îles s'organisèrent. Le moindre mouvement de la flotte ottomane fut relayé à travers l'archipel.
La reconquête
Le 15 juillet 1824 1 500 pallikares grecs reconquirent l'île aux 1 000 soldats ottomans Pacha avait restés sur l'île. Les Ottomans furent traqués et égorgés dans les ruines de la ville et de Palaiokastron. Le dernier canon en état de fonctionner dans la citadelle fut récupéré. Les Grecs donnèrent ensuite la chasse à la flottille ottomane sur place, l'engagèrent et, après un combat de cinq heures, coulèrent les vingt navires turcs qui la composaient.
Informé de ces évènements le 18, Husrev quitta Lesbos avec le gros de la flotte ottomane et rencontra les Grecs au nord de Chios le matin du 19 juillet. Le manque de vent bloqua ensuite les manœuvres. Les deux flottes restèrent en vue jusqu'au 22 juillet. Les grecs, dont les navires se dispersaient progressivement, rejoignirent Hydra le 28. Psara fut alors à nouveau occupée par Husrev ; il récupéra les derniers canons, fit raser les derniers bâtiments encore debout et combler le port, puis après un court passage à Lesbos se dirigea vers son objectif suivant, l'île de Samos.
Si l’indépendance de la Grèce fut acquise en 1830, Psara ne rejoignit ce pays qu’en 1912. À la fin du xixe siècle, l'île comptait 932 habitants (dont 9 musulmans et 4 juifs).