L’amarrage, galère ou simple formalité ?
Naviguer c’est mener son embarcation d’un point A à un point B dirait le plus ancien des mathématiciens grecs. Mais une fois arrivé au lieu de destination les choses se compliquent.
Il faut retenir son bateau à un point fixe, et là d’autres équations mathématiques que celles d’avancer au près ou au portant, de régler ses voiles s’opposent au skipper. En atlantique le problème se règle vite, généralement l’amarrage se fait sur un catway montant ou descendant au grès des marées.
En méditerranée, les ports proposent des pendilles qui permettent de fixer l’avant du bateau pendant que l’arrière est tenu avec les amarres ou vice et versa. Ou bien alors, sur les côtes sablonneuses, l’amarrage se fait sur poteaux le frêle et couteux esquif étant tenu par 4 points.
Mais ici en Grèce, chaque village de bord de mer dispose d’un petit port public sans poteaux sécurisants, sans pendilles. Il faut nécessairement jeter l’ancre à bonne distance en fonction de la nature supposée du fond, et reculer, ‘ cul à quai’ pour crocher les amarres à une bite ou un anneau fixé sur le quai.
Souvent au printemps ou à l’automne, lorsque les flottilles des loueurs sont remisées, le quai est disponible pour se mettre en long, c’est le long-side !
Mais revenons à la première solution, la plus usitée, le cul à quai. Quelles conditions faut-il remplir pour réussir sa manœuvre ?
En premier lieu savoir maîtriser sa marche arrière et pour cela connaître parfaitement son navire, ne pas hésiter à partir de loin, parfois de plus loin encore pour permettre de casser l’erre avant et créer celle arrière en rendant le safran maître de la direction à prendre plutôt que l’hélice. Ne pas hésiter à se positionner face au sens d’avancement, c’est comme dans une voiture, si l’avant passe, l’arrière a des chances de passer aussi ; un coup d’œil derrière soi en l’absence de rétroviseur permet de s’assurer que tout suit correctement.
Dans cette approche il faudra compter sur le vent qui souvent vous pousse de travers le petit malin ! Et sur l’eau une règle : ne jamais lutter contre le vent mais s’en servir, lui faire faire le travail !
Ensuite il faudra apprécier la longueur du mouillage, le nombre de mètres de chaîne nécessaires pour assurer la bonne tenue, ne pas oublier que la longueur se calcule depuis le fond, donc bateau sur son erre arrière, presque immobilisé, on laisse filer au moins autant que de profondeur.
Puis on arrive au quai, stopper à distance nécessaire pour poser la passerelle et éviter les clapots du quai qui ne manqueront pas de se produire à chaque passage d’un malotru ou d’un ferry. Tourner les amarres, prendre de la chaîne couper le moteur, et prendre l’ouzo voila c’est terminé.
Bien sûr cette description peut paraître simple et facile. Mais en fait, elle est simple et facile car il ne faut pas hésiter à stopper une manœuvre qui s’engage mal, reprendre et reprendre encore sans se soucier du regard des badauds qui n’y comprennent rien et de celui des plaisanciers qui connaissent et qui apprécient la sagesse et l’intelligence du skipper.
Peut être cette peur de l’amarrage fera préférer à nombre de plaisanciers l’engagement du bateau par l’étrave en jetant une ancre de secours à la main sur un orin qui n’assurera pas une bonne tenue si le vent monte ou alors de mouiller devant le port, mais cela est une autre histoire.
Un autre amarrage en Méditerranée consiste, dans les criques étroites ou exiguës, de jeter l’ancre et de frapper une amarre à terre autour d’un rocher, d’un vieux pieu mais surtout pas à un arbre, dans certains pays c’est l’amende assurée. Préparer son aussière, au moins 50m, jeter l’ancre à bonne distance en évaluant la distance à laisser entre les rochers et le bateau, reculer doucement et à la longueur voulue mettre la chaîne en tension, moteur en marche arrière léger, le temps que l’équipier aille à terre à la nage ou avec l’annexe frapper l’aussière, puis stopper le moteur, reprendre la chaîne pour équilibrer les forces de maintien. Bien sur ? Plus on est nombreux plus la manœuvre devient facile.