Voyager vous verrez du pays et vous ferez des rencontres……
C’est bien ainsi que nous avons conçu notre idée du voyage entrepris sur les traces d’Ulysse.
Parcourir la mer, voir des contrées lointaines chargées d’histoire, aller à la rencontre de gens, tenter de partager ou de comprendre leur quotidien enrichir le doux temps de la retraite.
Mais nous sommes finalement nombreux à vouloir cet accès au bonheur.
Et au fur à mesure des milles marins qui s’égrènent sur le compteur, nous multiplions les rencontres de marins voileux ou pas d’ailleurs. Sans les citer tous au risque d’en oublier, j’arrêterai mon propos au temps présent, c'est-à-dire ce 24 juin, jour de la saint Jean sur l’île de Skyros.
Tous à la taverna du port, une tablée bruyante de 10 personnes, 5 couples de français voyageant chacun sur son bateau.
Ah! Il y en avait du pavillon bleu blanc rouge dans ce petit port.
On a désigné notre chef de file, Jean François et son épouse Françoise sur un beaufort qui bourlinguent depuis 7 ans sans jamais remettre le pied sur le sol national, un petit peu quand même tous les hivers. Ces deux-là connaissent tout le monde et dans chaque port ils vont de retrouvailles en retrouvailles.
Nous les connaissions depuis mars 2011 à l’occasion d’une escale à Missolonghi. Et nous voilà croisant de nouveau notre route avec la leur à Chios. Et ces deux routes vont se poursuivre vers le Nord ensemble.
Ce soir il y a Patrick et Martine sur Piocana , Jean Pierre et Béatrice sur Aléana un Jeanneau 43 en escale forcée le temps que Béatrice se remette d’une vilaine blessure et puis Jacques un p’tit gars d’Armentières et sa femme Michelle sur Quentin II un Melody.
Autour de la tablée chargée de plats grecs faits maison tels qu’aubergines ou courgettes frites accompagnées de fromage frais, de poulpe au vinaigre de moussaka ou de spaghettis aux fruits de mers sauce épices, les discussions, les récits d’aventures marines, de pannes, de manœuvres ratées, d’embarquements contraignants vont bon train assourdissant la terrasse de rires et d’exclamations à couvrir les Grecs eux-mêmes assez grandes gueules.
On se demande pourquoi cette année tant de français parcourent la mer tout en inventant des réponses comme : cela devient impossible de naviguer en Espagne France Italie Croatie car le plaisancier vagabond devient une proie facile au profit. Captif qu’il est dans son esquif, il doit se protéger dès que le temps se gâte. Ou bien alors on fabule sur l’exode des eaux turques où la loi sur la résidence des étrangers les contraint désormais à de telles conditions qu’ils fuient tous vers la Grèce.
C’est comme si le café du commerce s’était déplacé à Skyros, comme si nous avions conquis le territoire comme au bon vieux temps des colonies ( je plaisante, les Anglais font plus fort, et les Italiens sont plus bruyant)
Et voilà, fort tard chacun remonte à son bord en se souhaitant bonne nuit sur un dernier commentaire de météo nocturne : les nuages d’orages sont arrivés mais ce ne sera pas pour nous.