En France comme ailleurs, les ‘bleus’ restent toujours les ‘bleus’….
Voyageant en Grèce depuis quatre saisons déjà, nous finissions par apprécier les différences qui nous écartent de notre vie dans l’hexagone.
Au-delà d’un retour à l’économie de proximité, à la vie de proximité qui est entretenue dans chaque village, avec sa chaleur, son bruit et sa solidarité il nous semblait que la liberté de chacun d’agir à sa guise n’avait pas trop de barrière.
Ainsi la rue est un beau terrain de liberté, surtout pour les voitures et les deux roues à tel point que l’on se demande s’il y a un code de la route, si le permis de conduire existe, s’il y a des règles…
Hormis les 4000 morts de la route annuels, tout se passe bien et la présence policière reste très discrète. Rien à voir avec la présence des ‘bleus’ de nos villes et de nos campagnes françaises qui maintiennent l’ordre par la peur constante du gendarme.
Pourtant nous avons rencontré cette même attitude, ici, sur l’île de Lesbos. On aurait dit qu’une sorte de jumelage avec les forces policières françaises, avait reboosté la pression de l’ordre les actes répréssifs et contraignants.
Ainsi ce que nous avons vécu. Oh rien de dramatique, simplement une succession de tracasseries administratives qui ont au moins l’avantage de donner l’impression à ceux qui les exercent qu’ils ont une véritable mission de service public.
Bureau des Coasts guards de Mytilène. Au deuxième étage du bâtiment qui abrite plusieurs services de cette noble institution se trouve une pièce de 10m² ou officient 4 agents de l’ordre. C’est là que l’on doit se déclarer comme arrivant dans le port. C’est aussi là que l’on paie la taxe d’amarrage dûe pour l’usage des ports publics.
En Grèce, de vieux relents de l’époque où le pays ne faisait pas partie de l’Europe, un laisser passer, laisser naviguer, le transit log, permettait de contrôler la circulation des étrangers sur le territoire national subsistent.
L’entrée dans l’espace Schengen a supprimé cette disposition. Mais les coutumes ont la vie dure et le transit log a été remplacé par le permis de plaisance dans les eaux nationales. Alors le coup de tampon sur l’immense document qu’il faut acheter, doit être réclamé à l’arrivé et à la sortie de chaque port. Et l’Etat profite de cet instant pour réclamer son dû.
Ce permis s’accompagne d’une liste d’équipage avec les noms et numéro de la pièce d’identité fournie. Bien sûr là encore les accords de Schengen sont respectés. Vous ne donnez pas, vous ne montrez pas ces documents, c’est à vous d’inscrire tous les renseignements concernant les personnes à bord sur cette ‘crew list’!!
Jusqu’à présent, tout cela s’était bien passé, dans une bonne heure, parfois obligée, la marée chaussée laissant entendre que cette mission de surveillance et de collecte de fonds était bien loin de leur mission de sécurité, de présence militaire et de contrôle douanier.
Ici à Mytilène, sans doute à cause de la proximité de la Turquie, des échanges économiques grandissants, de l’immigration clandestine et surtout je pense du poids de l’Histoire entre les deux pays, les fonctionnaires dans leurs attitudes et leurs actes transpirent la répression, refusent le dialogue et surtout la contradiction. Vous ne venez pas d’où vous aviez indiqué au précédent contrôle, il faudra aller faire les formalités là où vous déclarez vous rendre ! « Mais madame, je suis en Europe et je peux aller où je veux sans en rendre compte c’est la loi communautaire ! Sans doute, mais il faudra le faire »
Nous ne l’avons pas fait. Après une nuit passée dans le port public de Mytilène où il est impossible de fermer l’œil tant l’animation est forte, les formalités de sorties accomplies, nous décidons d’aller séjourner à la marina privée à la sortie du port le temps d’attendre une météo favorable.
Erreur nous n’avons pas respecté notre plan de navigation !
Trois jeunes coasts guards très agressifs surgissent de leur 4x4 pour nous demander des comptes avec une rafale de questions plus ou moins tordues. Braves jeunes gens qui avaient eu la chance à la sortie de l’école de devenir fonctionnaires et d’assurer ainsi votre gagne-pain dans ce pays ou de moins en moins d’habitants mangent à leur fin, pourquoi tant d’excès de zèle sinon pour prouver votre existence ?
Il vous faudrait peut être fréquenter quelques cours de bon sens, de réapprendre à lire vos règlements et circulaires (cela concerne aussi vos chefs qui vous fourvoient dans votre exercice) Ainsi ai-je appris que si vous arrivez le 14 au soir et que vous partez le 15 au matin vous avez passé deux jours, donc vous êtes redevable de deux fois la taxe !!!
Alors les ‘bleus’ des autres vont-ils devenir aussi puissants et autoritaires que nos ‘bleus’ à nous ? Ou alors nous navigateurs au long cours éloignés de notre base, perdons-nous contact avec la réalité ?
Je me relis, moi fonctionnaire et me surprend à narrer de telles situations. Allons en paix.