44 longues heures nous ont été nécessaires pour atterrir en SICILE, si la traverséede 170 milles nautiques ( 320km ) se présentait sous de bons vents, une pétole intraitable nous étreignit dans ses torpeurs dès 2 heures du matin, pendant près de 20 heures,
20 heures interminables ou le recours au moteur a été nécessaire car la vessie de Cassy n’est pas habituée à tenir aussi longtemps et autant cela a été facile de lui apprendre la propreté autant il a été impossible de la faire uriner dans le cockpit.
Les deux nuits passées en mer furent très chaudes sans le souffle d’Eole. Et à cet instant on ne peut qu’imaginer Ulysse peinant dans son périple sans fin sur cette grande bleue vraiment très bleue. Nous sommes déjà passé par un des endroits de ses exploits, les bouches de Bonifacio ; nous nous dirigeons vers le théâtre d’autres confrontations avec les dieux et les hommes. J’en parlerai plus tard. Mais la pêche à la traîne a occupé une partie du temps;trois engins ont étés mis à l’eau, résultat: un rappala disparu happé par une bête qui a coupé un fil d’une résistance de 100 kg
Autre fait marquant de la traversée, l’eau est revenue et à grands flots dans les fonds, nos interrogations aussi sur ce mystère mais la pompe de surpression du circuit se mettant en route toute seule nous en avons conclu que le seul appareil que nous n’avions pas investigué, ce est-à -dire le chauffe eau, était désormais le suspect n°1. Un rapide démontage du coffre nous a fait comprendre que nous touchions au but, la soupape de sécurité qui fuit et un état plus que déplorable (merci monsieur l’expert d’avoir omis ce détail. C’est décidé à la prochaine étape il y aura suppression du chauffe-eau et peut être la fin de ces ennuis aqueux.
Le vent est revenu puissant dans la dernière nuit et nous avons pu gagner capo San Vito à vive allure en milieu de matinée. Oh! la jolie station balnéaire, des parasols de toutes les couleurs couvrent la plage devant la quelle nous allons mouiller sans mettre l’étrave dans le port, nous préférons gonfler l’annexe y jeter la poupette dont la vessie va bientôt déborder et nous octroyer un bon repos de quelques heures avant de penser à demain.
19 aout :
la journée s’écoule au rythme des rentées et sorties des locaux ; beaucoup de vagues, et de vacanciers se dorant au soleil et prenant un repos compensateur. Nous ne bougerons pas avant demain matin, quelques heures de sommeil occuperont la journée. Du bord, la ville semble être en frénésie. Le jour tombe et les lumières prennent le relais. Heureusement pas trop de bruit; notre tranquillité ne sera pas perturbée.
20 aout :
la promenade du matin nous fait découvrir la ville qui déjà s’anime et se colore. Les touristes arrivent, parasols et bannettes sous le bras. Cela devient un jeu de faire les quelques courses du bord, découverte de la panettaria, du supermerkato caché entre deux portes cochères. En recherchant l’église, un imposant bâtiment dominant la ville, nous faisons face à un cortège précédé d’une harmonie, marchant à pas lents. Nous étions devant une procession funéraire ; l’atmosphère pesant obligeait au respect et comme les passants nous nous surprîmes à se signer.
Retour au bateau et départ pour le golfe de Castalmare à une dizaines de milles. Nous avons longé de très près la côte abrupte de cette réserve naturelle, observé à la jumelle les nombreuses criques de sable couvertes de baigneurs.
Nichée au fond du golfe, Castellamaredelgolfo éparpille ses 14 000 habitants sur les pentes escarpées de la colline. L’accueil au port est rapide, succinct tout comme les services offerts : coupures d’eau, pas de douches ni de toilettes, et il faut payer de suite en liquide mais pour le reçu là encore on ne pourra l’obtenir.
Nous irons boire une PERONI au skipper bar avant de courir les magasins. De retour au bateau, en avant la mécanique ; le chauffe-eau incriminé est shinté vite fait bien fait, nous souhaitions l’éliminer mais nous ne sommes pas préssé. Conclusion, on verra bien si la fuite persiste ! Et nous passons au nettoyage des charbons du moteur électrique du guindeau qui le matin même s’était mis en grève, nous contraignant à remonter l’ancre et les 30m de chaîne à la force des bras. Bonne nouvelle, cette réparation à l’air d’être efficace.
21 aout :
de nouveau à pied pour découvrir le centre ville, ses rues étroites et ses petits squares qui apportent la fraîcheur aux papys et mamies écoulant les beaux jours de leur retraite sur leur chaise à la paille défoncée. Nous n’avions pas bien envie de partir de cette douceur méridionale mais un petit vent nous signifiait qu’il était temps d’aller plus loin. On largue les amarres, se faisant rattraper par un agent du port qui souhaitait que l’on paie une deuxième fois ! On lui a clairement dit d’aller se faire voir chez… qui il voulait ! L’intimidation n’ayant pas marché il abandonna très vite ses velléités pécuniaires.
Le vent tint ses promesses ; bien que naviguant au près, ce qui n’est pas l’allure la plus confortable, après 5 heures, après avoir longé l’aéroport de Palerme, FORAIN DES MERS s’accrocha à une bouée de l’isola Fémmina. Très beau mouillage, sûr et agréable, ne serait-ce l’éternelle boîte à bruit sur la plage qui a perturbé notre sommeil.
Le coin est très fréquenté par les petits bateaux à moteur, les zodiacs et les pêcheurs. Cette noria rentrée au port, les derniers voiliers arrivés au mouillage, nous emmènerons le mousse sur l’île, isola de la Femmina, un amas rocheux transformé en réserve naturelle où il n’y a rien d’intéressant pour l’homme moderne pressé donc encore un paradis sans pollution apparente, que du calme. L’accostage en annexe au milieu des rochers acérés, dans un bord assez lunaire a eu ce côté magique de la terre, notre planète, imposante de respect. Le tour fut rapide mais satisfaisant.
22 aout :
après une nuit rythmée par la techno du coin, la grande ballade sur l’île fut entreprise. La mouette emmena Cassy sur le sentier balisé tandis que palmes aux pieds et masque sur les yeux j’explorai les fonds marins, ensemble de petites vallées profondes de quelques mètres, roches couvertes d’algues et de mousses. Et je me laissais entouré par les centaines de poissons de roche, de toutes les couleurs de l’endroit, des sortes de mulets à queues jaunes, et les tous petits noirs pour qui j’ai beaucoup d’amitié ; en quelque sorte il me semblait être dans un aquarium.
Il était 7 heures du matin. Un coup d’annexe et nous sommes dans ce petit port de pêche sicilien. Tous les bateaux pêche sont là, alignés au quai, éclairant de leurs couleurs vives les quais chargés de vendeurs de poissons. Enfin je trouve facilement un cybercafé où je prendrai des nouvelles sur ma boîte mail et écrire un ou deux articles sur le site.
23 aout :
il est temps de partir pour les îles Lipari. Mais d’abord aller rendre visite aux habitants d’une île perdue en mer tyrrhénienne, dont l’ensemble de la planète ignore l’existence et n’en n’a que faire, il s’agit d’ USTICA, qui n’est pas intégré aux îles Eoliennes, à environ 60 km de la SICILE. Je l’ai appelée l’île aux hibiscus.
Une navigation tranquille où les voiles n’ont pas souffert. Pas de place dans le port, pas de place physique, uniquement des barques de pêcheurs, rangées en rang d’oignon dans un port minuscule qui accueille sur son unique ponton les hydroglisseurs qui permettent à l’île de respirer. Nous resterons deux jours au mouillage dans une crique qui peut abriter trois bateaux comme le notre, à un kilomètre du port. Belles balades sur le sentier des douaniers bordés de cactus, les amateurs de figues de barbarie s’en sont délectés.