Forain des Mers

plus j'apprends, plus je me sens ignorant.... alors j'ai décidé d'aller encore plus vers les autres...

hivernage ici

kalamata Péloponèse

 
 

 heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....(Joachim Du Bellay)

crete

 

LA CRETE : du vent et encore du vent

 

 FORAIN DES MERS a bourlingué pendant 18 jours le long de la côte nord de l’île la plus grande de la grèce. Déjà la traversée de 35 milles la séparant de Kassos l’île la plus occidentale du Dodécanèse avait donné le ton : un bon vent de nord ouest de force 5, levant une mer courte, souvent hachée, rendant la navigation peu confortable et peu rapide.

Chaque étape pour aller vers l’ouest se révéla une lutte contre le meltem, doublant largement le nombre de milles prévus, obligeant à tirer de longs bords vers le large pour passer les caps. Et les caps il y en a ! de belles falaises, déchiquetées, colorées, plongeant vertigineusement dans la mer, aux anfractuosités et aux cavernes qui laissent suggérer des repaires de pirates aux siècles derniers. Souvent je me suis pris à penser à tous ces minéoens, qui parcouraient la mer pour commercer, il y a plus de deux mille ans , à la seule force de l’aviron, dans ces éléments peu cléments.

Dans ces conditions, la Crète nous a semblé être une île peu plaisante, mais n’ayant pas ‘explorer’ les terres intérieures, notre jugement ne peut être qu’erroné.

Notre entrée dans le petit port de Kouréménos, sur la côte sud en ce 12 août ne fut pas sans être remarquée. En effet ce port de pêche , tout petit, au fond de sa baie n’est pas conçu pour les voiliers et il a fallu se faire un petit trou entre deux grosses barques de pêche pour descendre à terre. Un peu surpris, les pêcheurs nous ont accueilli avec bonhommie aidant à tourner les amarres. Nous avons trouvé de quoi se doucher en bricolant une douche à partir d’un robinet du seul wc public, et super à la taverna une bière bien fraîche pu être appréciée après cette journée de soleil et d’embruns. Le soir, de nombreux villageois vinrent déguster les souflakis et autres saucisses, dans la pénombre, sur le quai, il ne manquait qu’un air de sirtaki.

 Le lendemain ce fut à la ville de Sitia de nous accueillir dans son grand port inachevé comme partout en Grèce. Une fois le ravitaillement effectué, la remontée vers la côte ouest commença, avec ce meltem de face qui se riait de nous. Doubler le cap fut interminable, et c’est avec plaisir que nous avons trouvé refuge dans la marina de Agio Nikolaus où faute de bonne mer nous sommes restés 3 jours pendant lesquels nous nous sommes mélés aux nombreux touristes venus se reposer et profiter du soleil. La ville est agréable, avec son quartier historique bien mis en valeur, et ses commodités fort appréciables.

La remontée de la côte vers le cap Ak Ay Ionannis sur dix kilomètres fut un plaisir mais une fois arrivés là bas, pas question d’aller plus loin : monsieur meltem barrait la route et il était trop tard pour combattre.

Alors ce fut un mouillage dans la magnifique lagune de Spinalonga, aux eaux peu profondes, défendu à l’entrée par le château vénitien fortifié devenu au siècle dernier une léproserie. Bien à l’abri du vent et de ses rafales, nous avons retrouvé la nature, les bergeries et les murets délabrés qui servent de clôture aux animaux, le silence de la vie.

De très bonne heure, le cap fut doublé alors que le vent s’en était aller dormir ! mais inconstant, un jour il se lève le matin, un autre à midi, ou bien le soir, parfois il ne se couche pas du tout ! avec tous ces données le marin doit composer pour tailler sa route.

En direction d’Héraklion nous nous sommes arrêtés à Milatos dont l’entrée dans le port fut une surprise car pas d’eau et la houle aidant, FORAIN DES MERS ‘talonna’ pas méchamment mais quand même !.Comment allons nous faire pour éviter un deuxième talonnage, voire un échouage  le lendemain ? renseignements pris il fallait passer très près du mole, profiter d’un calme relatif pour échapper à ce piège.

Au petit matin, on se lance. Un pécheur eu la gentillesse de nous montrer le passage. Dès lors, rassurés, nous prîmes la direction d’Héraklion. Après deux heures de moteur, le meltem se mit à souffler , comme d’habitude , pas très fort, mais levant une houle désagréable.

Le port d’Héraklion, la capitale de l’île est une vaste étendue protégée par une immense digue. Il est vrai que le trafic des ferries venant de toutes la Grèce est impressionnant. Direction le port vénitien où la marina a été aménagée, très bien aménagée , mais il n’y a pas de place pour le passage ! alors nous serons contraint de retourner dans le bassin des ferries, où tout un côté est réservé aux pauvres plaisanciers peu chanceux comme nous. Là un quai de deux mètres de haut , brut, où chaque mouvement de bateau lève une houle désagréable, rendant difficile, plutôt périlleux toute descente à terre ou toute montée. Il a fallu écarter constamment le bateau du quai , à plus de trois mètres, nous obligeant à monter un système de palan pour le rapprocher.

 La ville d’Héraklion ne nous a pas semblé très attrayante : un centre touristique bondé de vacanciers, peu de monuments, une ville constamment survolée par les avions en partance , des prix exorbitants. Nous avions pris l’habitude de faire nos achats dans un quartier plus populaire ou les crétois s’entassent dans des HLM bordés de rues bruyantes survolés constamment par les avions qui décollent de l’aéroport international.

Un fort coup de vent nous a bloqué dans cet endroit pendant 4 jours et 5 nuits, dans ces conditions ! alors il est vrai que notre regard sur cette grande ville de deux cent mille habitants n’a pas été des plus flatteurs.

En route pour Reythymon à 20 milles de là. Malgré les conditions météo, nous prenons la mer car on n’en peu plus de ce vacarme. Secoués pendant près de huit heures on trouvera un abri bien agréable dans cette ville fort agréable ayant conservé tout son caractère historique . Certes le port vénitien est too much de touristes mais la plage et la promenade en pleine ville incite au bien être.

 Puis se sera un autre centre touristique , une autre ville , ancienne capitale de la Crête, Chania (La Canée) L’entrée dans le port n’est pas simple, un petit passage au milieu des écueils à fleur d’eau, puis c’est l’entrée dans bassin digne d’un décor de film d’aventure : les arsenaux, des fortins, des tavernes, des carrioles tirées par des chevaux, pas de voitures, des quais pavés, un retour au 18ième siècle. La vielle ville met bien en évidence ses fortifications, laissant l’activité économique à l’extérieur de ses frontières. Philippe et Laurence que nous avions embarqué au début de notre périple nous rejoindrons là pour revenir sur le continent.

Le départ fut remarquable… d’étourderies qui aurait pu avoir de graves conséquences pour le bateau. En effet la pendille devant lâchée en premier lieu (au lieu de l’être en dernier) le souffle de vent nous poussa vers le voisin et il fallut beaucoup de muscles pour s’en sortir.

 61 milles à parcourir pour le Péloponnèse ! D’abord un bon près pour passer le dernier cap crètois, on se voyait arriver au bout de 8 heures de navigation ; il n’en fut rien ! une méchante houle et pour la dernière fois et jusqu’au bout monsieur meltem qui se montra maître des lieux. Nous n’atteindrons Cythère que 22 heures après ! Seule récompense, un deuxième thon d’environ 5 kg pêché juste avant la nuit.

 

 

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DOUCEUR DE VIVRE